Présentation

Il s’agit, dans le cadre des 120 ans de la loi de 1905, d’envisager la laïcité d’un point de vue critique ; s’interroger sur les conditions d’existence de la laïcité aujourd’hui en France.

L’idée première est de ne pas servir le discours rhétorique habituellement construit autour de cette notion : séparation des Églises et de l’État, liberté de conscience, sphère privée et espace public, signes ostentatoires, prosélytisme etc.

Il s’agit, au fond, d’interroger la neutralité de l’État et d’en envisager la nature et l’étendue. On part d’un constat, celui de la séparation des Églises et de l’État. Pourquoi cette séparation ? Le but affiché n’est-il pas de se défaire du dogme religieux dans la gestion des affaires publiques, de faire de la seule raison le principe des décisions en matière de politique publique, éducation, législation etc. ? Dans ce cas, la séparation des Églises et de l’État est d’ordre technique et possède une visée pratique.

Mais elle possède également une dimension symbolique : l’Église représente la pensée dogmatique et le dogme est précisément ce qui empêche la raison de s’exprimer librement. En ce sens, cette séparation est comme une déclaration d’indépendance de la raison.

Mais alors, plusieurs éléments factuels posent problème en face de cette indépendance proclamée. En effet, au regard de l’état du bien commun – critique dans certains domaines (nous évoquons ici surtout l’éducation, la santé, la recherche, la répartition des richesses, l’écologie et la démocratie) – les décisions prises ou qui peinent à être prises, mais également les reculs concédés parfois, semblent contraires à un usage libre de la raison et nous paraissent même complètement déraisonnables.

Puisque les Églises, ici, ne sont pas la cause de ce qui entrave la raison, alors il convient de définir la nature de ce qui pose problème et parasite un concept de laïcité que l’on a trop longtemps ramené à la question religieuse de manière manichéenne, en opposant frontalement État et religion dans le débat publique.

Une telle opposition oublie un peu vite le discours de Nicolas Sarkozy au Latran du 20 décembre 2007, tout comme elle oublie que le système économique ultra-libéral dans lequel nous baignons produit un autre discours, lui aussi dogmatique, qui comme l’Eglise en son temps empêche la raison de s’exprimer librement et relève, d’une certaine manière, du théologico-politique.

Nous sommes donc en droit de nous interroger sur la prétendue neutralité de l’Etat et nous pouvons nous demander s’il ne serait pas juste et préférable de définir une bonne fois pour toute et de manière précise la notion de laïcité en l’étendant sans équivoque à l’ensemble des dogmes qui entravent le bon usage de la raison dans la gestion des affaires publiques, ce qui en ferait un véritable et puissant levier pour restaurer la République.

C’est l’objet de cette conférence 2025.